« Sédimentaire, mon cher Watson. » Indices pour résoudre le mystère de l’algue dydymo

août 4, 2013

On dit que l’histoire se répète. Si c’est le cas, alors une équipe de chercheurs de l’université Queen’s pourrait bien arriver à résoudre le mystère d’un grave problème écologique qui menace les rivières dans la région de Gaspé et dans le nord du Nouveau-Brunswick.

Le problème : une algue invasive appelée dydymo. Il y a environ six ans, des pêcheurs à la ligne et des scientifiques ont constaté une prolifération de cette algue dans le bassin versant de Matapédia-Restigouche.  « Pourquoi?, se sont-ils demandé. Et quel effet l’algue dydymo aura-t-elle sur la survie des populations sauvages déjà vulnérables du saumon atlantique dans ces régions? »

Ces questions étaient d’une telle urgence que la Fondation pour la conservation du saumon atlantique (FCSA) a accordé du financement pour un certain nombre d’études qui ont commencé en 2008. Celles-ci comprenaient une évaluation de l’habitat de la rivière Matapédia et une étude pour déterminer comment la présence de l’algue dydymo dans la région pourrait influencer le choix de l’habitat, les habitudes alimentaires et la croissance des saumons juvéniles.

Quant à la cause de cette présence accrue de l’algue dydymo, c’est un mystère. Les diverses raisons suggérées sont nombreuses, allant des activités récréatives au changement climatique et aux transformations de la chimie de l’eau.

Visitez le Laboratoire de recherche et d’évaluation environnementale paléoécologique de l’université Queen’s.

Les expressions commençant par « paléo » évoquent des images d’une époque ou d’un état ancien et archaïque. Comme le décrit le nom, la paléolimnologie est l’étude des écosystèmes aquatiques et de leurs bassins versants à l’aide d’information biologique, chimique et physique emmagasinée dans les sédiments qui s’accumulent au cours des années. En prélevant des carottes de sondage des sédiments du fond des lacs et rivières, les paléolimnologistes peuvent déterminer le moment et l’étendue du changement environnemental, souvent avec une grande certitude chronologique.

« Nous croyons que le passé est la clé pour comprendre la situation actuelle de la prolifération de l’algue dydymo, de souligner Joshua Kurek, titulaire d’une bourse postdoctorale au Laboratoire de recherche et d’évaluation environnementale paléoécologique de l’université Queen’s. Le conseil de la FCSA est de cet avis et a accordé aux scientifiques du laboratoire une subvention de 18 000 $ afin d’appuyer leurs travaux du mois de mai 2012 à décembre 2013.

Le plan de l’équipe consistait à étudier le bassin versant de la Restigouche en utilisant des techniques paléolimnologiques avec des relevés modernes de l’habitat. Les carottes de sondage prélevées des sédiments des lacs et rivières révéleraient les changements par rapport à la présence de l’algue dydymo et les conditions environnementales historiques, alors que les relevés modernes de l’habitat fournissent des preuves des algues qui sont réparties dans les rivières locales.L’équipe du laboratoire a identifié plusieurs emplacements de prélèvement de carottes de sondage et sites de relevés prometteurs. Le lac au Saumon et le lac Humqui (près des cours d’eau supérieurs de la rivière Matapédia) ont été sondés afin de cerner les proliférations de l’algue dydymo et d’autres changements environnementaux, et afin de « déterminer quels changements dans le bassin versant ont provoqué ces proliférations, explique M. Kurek. Nous croyons que ces sondages révéleront environ 200 ans d’histoire de l’écosystème. »

Pour ce qui est du relevé moderne de l’habitat, des échantillons ont été prélevés à 23 sites sur la Patapedia, 20 sites sur la Upsalquitch, et deux sites sur la Restigouche.

Une fois tous ces échantillons prélevés, le moment était venu de commencer à résoudre le mystère. Les analyses de laboratoire en cours en septembre 2012, à partir d’environ 60 échantillons du lac Humqui et du lac au Saumon en voie d’être analysés. Ces échantillons de base ont maintenant été datés et leur contenu est mesuré cet hiver. Les échantillons prélevés pour le relevé moderne de l’habitat ont été mesurés pour des indicateurs environnementaux, comme le pH, la profondeur de l’eau, le substrat, le débit et le pourcentage de dydymo. L’analyse de laboratoire des algues du relevé moderne commencera en 2013.

Alors, quels indices ces enquêtes à la Sherlock Holmes de l’écologie aquatique ont-elles révélés? Bien, puisque les travaux en laboratoire et l’analyse des données sont en cours, comme dans le cas de bien d’autres mystères intéressants, celui-ci nous laisse sur notre appétit jusqu’à la prochaine saison!

À suivre . . .au cours de la prochaine année!