FaunEnord

décembre 1, 2016

rimg1489

On dit que si l’on ne pose pas de questions, on n’obtiendra jamais de réponses.

Et bien, FaunENord a décidé de poser des questions pour en connaître davantage sur le saumon atlantique dans le secteur de la baie Ungava de Nunavik, dans le Grand Nord du Québec.

Le projet qui est dans sa deuxième année est financé par une subvention totale de 50 000 $ provenant de la Fondation pour la conservation du saumon atlantique. C’est un effort de collaboration avec la contribution du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec et de la Société Makivik.

Alexandre Anctil, gestionnaire du projet, a dit au début que le projet a été lancé pour une raison simple.

« Nous en savons très peu sur le saumon atlantique dans la région d’Ungava, ce qui complique sa gestion et sa conservation, souligne-t-il. En réalité, la population de saumon atlantique de Nunavik est la seule pour laquelle il manque des données, selon le Comité sur la situation des espèces en péril (COSEPAC). En plus de son importance écologique et économique, le saumon atlantique de la région d’Ungava a aussi une très grande valeur traditionnelle pour les Inuits. »

« Afin de bien gérer et protéger cette importante ressource, nous avons jugé nécessaire d’accroître nos connaissances de cette population. Nous avons cru que l’une des premières étapes à franchir était de savoir quelles rivières sont utilisées par le saumon. Cela peut sembler étrange, étant donné que les rivières à saumon sont très bien connues dans le sud du Québec, ou dans les provinces Maritimes, mais à Nunavik, les limites réglementaires des rivières à saumon légalement reconnues ont été établies il y a de nombreuses années, à l’aide des connaissances et des outils disponibles. De nombreuses limites ont donc été définies de façon arbitraire. »

« On a aussi l’impression que les rivières principales ont été considérées pour l’obtention du statut officiel de rivière à saumon, et que très peu de tributaires où le saumon pourrait en effet frayer ont obtenu un statut. C’est surtout parce que nous ne savons pas vraiment si le saumon utilise ou non ces petits tributaires pour frayer, et le cas échéant, lesquels. »

Anctil a affirmé que c’est pourquoi on veut déterminer si d’autres rivières ou tributaires doivent être étudiés pour déterminer s’ils devraient obtenir le statut officiel de rivière à saumon et bénéficier des avantages de la protection liée à ce statut.

« Pour ce faire, le projet a été divisé en deux phases. D’abord, nous avons utilisé des données théoriques – comme une analyse d’imagerie par satellite effectuée par une équipe de l’INRS – et des données d’entrevues avec des pourvoyeurs, d’anciens rapports scientifiques et de la pêche sportive pour cibler des rivières et des tributaires qui offrent un bon potentiel théorique pour le saumon atlantique. Vu que la région d’Ungava est très vaste, notre travail s’est limité au bassin de la rivière Koksoak. »

« Nous avons choisi le réseau de la rivière Koksoak parce qu’il offre un très grand potentiel pour l’habitat du saumon, et que la population de saumon de la Koksoak est la plus précieuse pour les communautés locales et les pêcheurs à la ligne. La conservation dans ce secteur est donc une priorité pour la Direction de la gestion de la faune de la province. »

Les rivières et les tributaires qui présentent un potentiel pour le saumon atlantique ont été identifiés durant la première phase. Il s’ensuit que la phase deux consisterait à aller à Nunavik et à se rendre sur le terrain pour confirmer les données théoriques.

« Encore une fois, le réseau de la Koksoak couvre une superficie extrêmement vaste, et c’est pourquoi la région de la rivière Delay, une partie du réseau de la Koksoak, a été choisie pour l’inventaire sur le terrain. Cette région a été choisie pour diverses raisons, mais surtout parce qu’elle couvre de nombreux tributaires qui présentent un potentiel pour le saumon atlantique. Alors, à la fin d’août ou au début de septembre 2016, nous nous sommes rendus dans la région de la rivière Delay et nous avons échantillonné neuf rivières et tributaires pour déterminer s’il s’y trouvait du saumon. »

Anctil dit qu’ils ont trouvé de jeunes saumons dans sept des neuf secteurs échantillonnés. Ils attendent qu’un laboratoire spécialisé effectue une analyse des spécimens pour déterminer si les jeunes poissons capturés sont des saumons anadromes ou s’ils sont des saumons confinés aux eaux intérieures. Selon lui, ces résultats seront importants, puisque le saumon confiné aux eaux intérieures ne jouit pas de la même protection que le saumon anadrome.

« À court terme, nous voulions définir les régions prioritaires où les efforts devraient être concentrés pour en connaître davantage sur le saumon atlantique dans le réseau de la Koksoak, vérifier – si cela est possible, – les rivières à saumon en fonction des données théoriques. Une fois, les résultats du laboratoire connus, nous voulons que les tributaires où nous aurons trouvé de jeunes saumons soit reconnus officiellement comme des rivières à saumon. »

« À long terme, nous espérons que les données recueillies, y compris la caractérisation de l’habitat, nous aideront à valider et à perfectionner les modèles théoriques utilisés pour cibler les rivières et les tributaires offrant beaucoup de potentiel pour le saumon atlantique dans la région d’Ungava, et ainsi nous fournir un nouvel outil important pour la gestion du saumon atlantique dans la région. Manifestement, le but ultime du projet est de contribuer activement à la conservation du saumon atlantique dans la région où nos organismes fonctionnent. »