Canadian Rivers Institute (UNB) – Dr. Linnansaari

août 2, 2016

La navigation sur un cours d’eau peut s’avérer difficile pour un saumon atlantique, même lorsque les conditions sont bonnes. Toutefois, lorsque des barrages hydro-électriques sont situés sur ce cours d’eau, comme dans le cas de la rivière Saint-Jean, les défis sont encore plus nombreux.

Le Canadian Rivers Institute (CRI) à l’UNB étudie la migration et la survie des saumoneaux, du saumon noir (charognard) et du saumon atlantique adulte à travers le réservoir de Mactaquac d’une longueur de 96 kilomètres en amont de la centrale hydro-électrique de Mactaquac.

Le CRI a obtenu une subvention de 118 000 $ sur trois ans de la Fondation pour la conservation du saumon atlantique. Le projet fait partie d’une plus vaste recherche (consortium de l’étude de l’écosystème aquatique de Mactaquac) ayant pour but d’évaluer les solutions pour l’avenir de la centrale qui est presque rendue à la fin de sa durée de vie utile.

M. Tommi Linnansaari du CRI fait remarquer qu’il est largement reconnu que lorsqu’une rivière est enjambée par un barrage hydro-électrique, les voies de migration des poissons diadromes comme le saumon atlantique sont affectées.

« Il existe de nombreux moyens d’atténuer ces effets et souvent, il faut trouver une solution pour le passage du poisson, et ces dispositifs sont construits aux barrages, souligne-t-il. Toutefois, l’emplacement du barrage n’est pas nécessairement le seul point qui mérite une attention spéciale. Un réservoir se crée en arrière d’un barrage, et selon la dimension du barrage et la géographie de la zone de retenue, il peut se créer un réservoir assez grand qui constitue en soi un obstacle à la migration. On en sait relativement peu sur le rôle d’un réservoir comme obstacle migratoire par rapport aux barrages proprement dits. »

« Le but du projet est de comprendre comment les différents stades biologiques migratoires du saumon atlantique réagissent à un grand réservoir; les salmonidés peuvent-ils trouver une voie migratoire dans ce réservoir, ou finissent-ils par « s’égarer »? Le passage dans le réservoir retarde-t-il leur migration? Le cas échéant, ce retard a-t-il un effet écologique important? Le poisson devient-il désorienté à certains endroits? » M. Linnansaari dit que le projet s’intéresse aussi à un problème secondaire, par rapport au comportement du saumon atlantique à l’approche du barrage.

« Il importe de comprendre cette situation afin que les données sur le comportement servent à indiquer quelles solutions techniques seraient utiles pour les efforts visant à trouver un passage efficace en amont pour le saumon migratoire à un nouveau barrage hydro-électrique possible. »

« En résumé, nous essayons d’évaluer l’ampleur du problème que représente la simple existence d’un réservoir relativement grand pour la migration du saumon atlantique dans la rivière Saint-Jean. Autrement dit, si l’on trouvait une solution miracle pour construire un passage technique d’une efficacité de 100 % à un futur barrage possible à Mactaquac, le réservoir poserait-il encore un problème pour la migration du saumon? Non seulement cette information nous guidera, mais cette situation a aussi des répercussions pour d’autres rivières où sont situés de grands barrages dans le monde entier. »

Un des défis auxquels font face les chercheurs, selon M. Linnansaari, c’est qu’il est difficile d’avoir suffisamment de saumons pour le programme d’étiquetage, compte tenu de leur faible nombre.

« Nous avons réussi la plupart du temps même si l’on pourrait connaître certains retards pour l’étiquetage du poisson. Nous avons aussi compris qu’il fallait étiqueter plus de poisons que prévu au début en raison de certains défis techniques. Toutefois, les données ont fourni beaucoup d’information et nous avançons comme prévu. x

Divers éléments sont envisagés dans le cadre de ce projet : le réservoir constitue-t-il un obstacle à la migration pour différents stades biologiques du saumon atlantique; le réservoir cause-t-il des retards pour la migration, et quelles sont les répercussions écologiques de ces retards; quel est le taux de survie des différents stades biologiques dans le réservoir; certains endroits dans le réservoir sont-ils plus problématiques que d’autres; pouvons-nous établir un lien entre les taux de migration et le succès aux opérations hydro-électriques au barrage; et comment les saumoneaux et les saumons noirs atlantiques (saumon s’étant reproduits, saumon ayant hiberné) font-ils face au barrage?